OM : Pourquoi tant de joueurs en prêt ?
- Le 10/01/2021 à 21:47
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Depuis cet été, le club multiplie les transferts de joueurs arrivant en prêt, toujours accompagnés une option d'achat (OA), cette démarche est souvent mal comprise par les supporters, nous allons donc essayer d'y voir plus clair.
1. NE PAS IMPACTER LES FINANCES.
On le sait, l'OM a déjà été sanctionné par l'UEFA au titre du Fair-Play Financier (FPF).
Malheureusement, les propriétaires de clubs ne peuvent pas injecter de l'argent massivement, une fois passées les 3 premières années suivant le rachat. C'est une règle de l'UEFA de façon à éviter que des clubs soient en permanence sous respiration artificielle.
Le club doit donc impérativement éviter d'augmenter son déficit. Il lui est donc impossible, pour la saison en cours, d'acheter des joueurs ou alors il doit le faire pour des sommes minimes.
Ceci est d'autant plus vrai qu'aucun argent frais n'entre dans les caisses via des ventes.
En effet, malgré les bons résultats obtenus en 2019/2020 avec une 2e place et une qualification pour la lucrative Ligue des Champions, nos joueurs n'ont pas suscité suffisamment d'intérêt des clubs européens pour que ces derniers franchissent le pas et les achètent. Evidemment la crise sanitaire et les incertitudes qui lui sont liées (Droits TV, billetterie, vente de produits dérivés, etc) n'ont rien arrangé à l'affaire et les éventuels acheteurs se sont révélés prudents.
L'équation est donc la suivante : pas de vente, pas d'argent mais besoin d'améliorer l'équipe sur ses points faibles. On a connu des équations plus simples à résoudre... Une seule solution : se faire prêter des joueurs, de préférence jeunes, histoire que leurs salaires ne soient pas trop importants.
2. DES PRÊTS EN ÉVITANT LES PIÈGES.
Quand on se fait prêter un joueur, la première des choses à faire, c’est éviter de servir de faire-valoir. En effet, dans l’hypothèse où son joueur réaliserait de grandes prestations pendant les quelques mois passés sous nos couleurs, la partie serait trop belle à jouer pour le club prêteur. Il récupérerait un joueur parfaitement opérationnel qu’il pourrait soit conserver, soit revendre au prix fort.
Il est donc impératif d’assortir le prêt d’une option d’achat. La valeur de cette OA pourra être diminuée en cas d’introduction d’une clause : la valeur de rachat prioritaire. Dans ce cas, le club prêteur, par exemple le Bayern, peut vouloir fixer un montant auquel il rachètera plus tard son joueur tout en étant prioritaire.
Mais revenons à cette option d’achat. Elle pourra être de deux ordres.
L’option d’achat obligatoire. Dans ce cas, l’OM devra impérativement acheter le joueur prêté, pour un montant fixé à l’avance, et qu’elles qu’aient été les performances du joueur prêté. Il semble que nous soyons dans ce cas de figure pour Cuisance mais les éléments disponibles ne permettent pas de l’affirmer à 100%.
L’autre hypothèse, c’est l’option d’achat prioritaire. Dans ce cas, si le montant de l’option d’achat est également fixé à l’avance, l’OM est libre ou non de l’activer en fin de saison. Ce sera le cas si le joueur a donné satisfaction ou si le staff pense qu’il a les qualités pour devenir à terme, court ou moyen, un joueur performant. Qu’elle que soit la décision prise, l’OM sera prioritaire sur tout autre club, et c’est bien là l’essentiel.
3. ACHETER DES JOUEURS A MOINDRE RISQUE.
C’est un autre avantage du prêt avec OA comparativement à un transfert sec. Quand on engage un joueur, quel qu’il soit, pour une longue période on prend toujours un gros risque. Nul ne sait où il va vraiment, que ce soit le joueur ou le club. L’osmose peut être immédiate comme elle peut ne jamais se faire. Dans la longue histoire de l’OM, on ne compte plus le nombre de supposés cadors qui n’ont jamais réussi à s’imposer. Le club a alors dû, soit les traîner comme des boulets jusqu’à la fin de leur contrat (ce ne sont pas les exemples actuels qui manquent…), soit se résoudre à les vendre pour un montant bien inférieur à celui de leur acquisition.
Là, au contraire, pendant ses quelques mois de prêt, le joueur va non seulement être évalué sur son comportement sportif mais également sur son sérieux, son hygiène de vie, son professionnalisme, son comportement en dehors des terrains, son attitude et sa bonne entente avec ses partenaires.
Il va également être confronté à l’environnement extérieur, à la pression des supporters et on sait qu’à Marseille ce n’est pas donné à tout le monde d’y résister…
C’est une longue période d’essai qui commence, de plusieurs mois, laquelle débouchera ou non sur un CDI. Mais c’est aussi la quasi-certitude de prendre une décision à risque minimal puisque prise en toute connaissance de cause.
4. OPTION LEVÉE, AUCUN IMPACT SUR 2020/2021.
C’est l’autre intérêt du prêt avec option d’achat. Selon l’UEFA, la saison en cours, en termes de dépenses comme de recettes, se clôture le 30 juin.
Il suffit donc de lever l’option d’achat le 1er juillet pour que les finances du club ne soient pas impactées par ce transfert pour la saison 2020/2021. Le club pourra alors présenter une situation relativement assainie par le biais des recettes liées à la LDC, tout en ayant bénéficié de l’apport de X joueurs prêtés. Il sera gagnant sur tous les tableaux (sous réserve que lesdits joueurs performent ce qui est une autre histoire)
5. L’AUTRE INTÉRÊT COMPTABLE.
Selon les règles de l’UEFA et donc du FPF, la valeur d’achat d’un joueur sera étalée sur la durée de son contrat. Par exemple si l’OM achète un joueur 20 M€ en levant l’option d’achat et en lui faisant signer un contrat de 5 ans, elle n’imputera que 4 M€ sur chaque saison.
Le joueur ayant été prêté la 1ère année, il ne lui aura donc coûté que 4 M€ (hors salaires) pour 2 saisons passées au club.
Il faut savoir qu’à l’inverse, selon les règlements UEFA, toute vente réalisée s’inscrit en bénéfice, de façon immédiate et pour la totalité. Je vends un joueur 20 M€, j’inscris donc intégralement ces recettes au titre de la saison en cours.
Pour résumer, j’ai acheté pour 20 et vendu pour 20 donc opération nulle. Sauf qu’aux yeux de l’UEFA et pour la saison en question, j’ai vendu pour 20 mais seulement acheté pour 4. Je suis donc en bénéfice de 16 M€…
Vous disposez de tous les éléments nécessaires pour vous forger votre propre opinion sur une politique de prêt.
La démarche semble sécurisante et il paraît difficile de lui opposer des arguments concrets et factuels. Si ce n’est peut-être, que cette façon de faire va à l’encontre de nos habitudes séculaires, lesquelles nous conduisent à « acquérir » plutôt qu’à « louer », et ce en totale opposition à ce qui se pratique dans d’autres pays…
SUIX .
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